Le gouvernement chinois peut-il faire aimer les OGM ?

Les biotech dans le monde

Le gouvernement chinois peut-il faire aimer les OGM à son peuple ?

En réponse à des préoccupations liées à la sécurité alimentaire, le gouvernement chinois a commencé à investir lourdement dans la recherche sur les cultures génétiquement modifiées (GM) mais le public demeure largement opposé à la technologie
Le pays n’a que 7 % des terres arables du monde, mais compte un cinquième de la population mondiale. En automne dernier, le Président Xi Jinping avait appelé les scientifiques chinois à « se lancer avec audace dans la recherche et l’innovation, [et] être au sommet des techniques OGM ». Le tout dernier Plan quinquennal de la Chine citait la biotechnologie comme l’une des sept « Industries stratégiques émergentes ».
 
Mais, pour de nombreux chercheurs en biotechnologie chinois, les expériences ne vont jamais au-delà du laboratoire. Malgré l’investissement du gouvernement, le public demeure largement opposé à la technologie, et les aliments GM sont pour la plupart interdits sur le marché.

« La technologie s’améliore et devient plus prévisible, mais la controverse aussi ne cesse d’enfler », a déclaré Caixia Gao, un phytogénéticien à l’Institute of Genetics and Developmental Biology.


 Le gouvernement chinois a réagi avec une sensibilité inhabituelle à l’opinion publique sur cette question.

« En termes simples, le problème réside surtout dans la résistance du public aux OGM, ce qui explique les hésitations des dirigeants politiques à aller de l’avant avec leur commercialisation », a expliqué Cong Cao, spécialiste de la politique de la Chine en matière de science à l’Université de Nottingham, au Royaume-Uni.

À cause des scandales concernant la sécurité alimentaire ces dernières années, le public n’a plus tellement confiance que les autorités appliqueront les règlements, ce qui rend difficile l’introduction de nouvelles technologies alimentaires.

« Si le gouvernement dit que les aliments OGM sont sans danger, les chinois ne le croiront pas facilement », a déclaré Sam Geall, un anthropologue à l’Université du Sussex, également au Royaume-Uni, qui ajoute : « C’est peut-être là l’exemple le plus clair où l’opinion publique en Chine a probablement joué un rôle en bloquant ou stoppant une voie menant à l’innovation soutenue par le gouvernement, pour le meilleur ou pour le pire ».

Source : The New Yorker (31 août 2015)

En savoir plus :

 http://www.newyorker.com/tech/elements/can-the-chinese-government-get-its-people-to-like-g-m-o-s