Ces bananes enrichies de vitamine pourraient amener l’opinion à considérer autrement les OGM
Dans cette contribution publiée dans Grist, Nathanael Johnson se penche sur la controverse autour d’une banane à cuire génétiquement modifiée pour produire des carotènes supplémentaires qui peuvent être convertis par l’organisme en vitamine A.
Plus de 100 000 enfants meurent encore chaque année de carence en vitamine A.
Le débat sur l’utilisation des modifications génétiques pour résoudre le problème de la malnutrition se poursuit depuis la mise au point du « Riz doré » dans les années 1990 – un produit qui continue d’être entravé par les défis techniques et les manifestants.
À présent, des chercheurs originaires des États-Unis, de l’Ouganda et de l’Australie font équipe pour la réingénierie de l’aliment de base de l’Ouganda. Johnson s’est entretenu avec la Fondation Bill & Melinda Gates qui finance le projet, et avec un ophtalmologue, Alfred Sommer, qui n’a aucun intérêt à promouvoir ou critiquer les OGM. Il leur a posé des questions diverses, par exemple est-ce que la carence en vitamine A est vraiment si mauvaise que ça, et est-ce que des moyens plus simples de lutter contre cette carence existent ? Johnson aborde également les questions de savoir si la banane donnerait effectivement des résultats et si elle est sans danger.
Il conclut ainsi : « Il y a juste quelque chose à propos du génie génétique qui soulève des passions. Quand les scientifiques renforçaient les carotènes dans le maïs au moyen de la sélection traditionnelle, par exemple, les activistes n’avaient pas tiré la sonnette d’alarme pour dire que cela pourrait être dangereux pour les personnes qui en consomment. Dans la mentalité américaine, un « OGM » est symbole de sociétés mues par le profit, de grandes entreprises agricoles, de champs de maïs uniformes sans fin, et de maquis de brevets restrictifs. Mais il est essentiel de regarder au-delà de cet acronyme symbolique, si nous voulons peser les bienfaits de chaque organisme génétiquement modifié.
En l’occurrence, nous avons des scientifiques du secteur public qui mettent au point une culture destinée à servir les pauvres, une culture qui s’adapte à des systèmes agricoles diversifiés et serait contrôlée de la base au sommet par les agriculteurs. Quand un enfant est affligé par une maladie en phase terminale, nous demandons à un traitement, même s’il n’est pas garanti, qu’il fonctionne. Je n’ai pas pu trouver une bonne raison de penser différemment aux enfants ougandais. Cette banane pourrait faire beaucoup de bien, mais seulement si nous lui en donnons la chance ».
Source : Grist (25 mars 2016)
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