Depuis 1996, une opposition s’est développée, sans réel dialogue, entre d’une part, les scientifiques et les ingénieurs qui promeuvent les OGM et d’autre part, les écologistes qui les refusent. Les premiers, dans leur ensemble, considèrent les nouvelles technologies issues des progrès de la biologie comme étant dans la continuité des méthodes classiques de la génétique, donc sans danger et ne justifiant aucune réglementation spécifique. Les seconds dénoncent tout à la fois l’appropriation du vivant et le contrôle de l’alimentation par les industriels de la semence mais aussi les risques pour la santé et l’environnement, inhérents à toutes les plantes génétiquement modifiées. Ces plantes sont de plus jugées « non nécessaires », car l’agriculture paysanne aurait montré depuis des millénaires sa capacité à nourrir les hommes et à sélectionner, pour cela, les plantes les mieux adaptées.
Pour notre pays, la conséquence de ces affrontements est claire : interdiction de la culture de variétés végétales génétiquement modifiées, ainsi que l’interdiction de facto pour l’alimentation humaine, mais, paradoxalement, autorisation de leur importation pour l’alimentation animale. Plus grave, pour notre filière semence, est l’opposition qui se développe contre le principe même de l’amélioration des plantes, la sélection végétale, au profit des « variétés paysannes ».
Que cela plaise ou non, la société a évolué et les progrès technologiques ne sont plus considérés comme devant conduire automatiquement à l’amélioration des conditions de vie de l’Homme. Ainsi aujourd’hui, une technologie ne peut se développer indépendamment de la Société et, a fortiori, elle ne peut se développer contre elle.
Dans ce contexte, il est logique que l’AFBV ait choisi de s’interroger sur les interactions « Innovation – Société – Sélection Végétale », et d’en faire le thème de son récent colloque.
Alain DESHAYES
Président de l’AFBV