« Je pense que non seulement on ne peut se passer des OGM mais qu’ils sont en fait bénéfiques »

Ils ont dit

Jean-Marie Lehn, Prix Nobel de chimie

Jean-Marie Lehn est l’un des nombreux prix Nobel qui ont défendu les OGM et critiqué Greenpeace en juin 2016 au moyen d’un courrier spectaculaire. Voici ce qu’il a répondu à Irène Inchauspé dans le quotidien L’Opinion du 24 Août 2016 pour expliquer sa signature.

Pourquoi avez-vous signé la lettre en faveur des OGM adressée à Greenpeace ?

« Les OGM ne sont pas ma spécialité, j’ai donc fait confiance à mes collègues compétents dans ce domaine pour me faire une opinion. J’ai signé, comme plus d’une centaine d’autres prix Nobel, pour que ces activistes cessent leur combat contre les OGM, notamment contre le riz doré, mais pas seulement. La nature procède à des « manipulations génétiques » depuis toujours. Entre la bactérie et l’éléphant, un certain nombre de modifications génétiques ont eu lieu ! Les plantes aussi se sont et ont été sans cesse modifiées. Les pommes que nous mangeons aujourd’hui ne sont pas des pommes « sauvages ». Bien sûr, il faut faire attention aux risques éventuels, mais encore faut-il les définir. Si le risque réside dans le fait que les gènes peuvent se répandre dans la nature, encore faudrait-il savoir s’ils sont nocifs. Le risque zéro n’existe pas et dans une telle logique, les chercheurs seraient quasiment sûrs de se tromper de cible. Par ailleurs, nous savons que la population mondiale va continuer à augmenter, donc le choix est simple : soit nous décidons d’adopter une démarche malthusienne, soit nous décidons de nourrir tout le monde. Je préfère la seconde solution. Je pense donc que non seulement on ne peut se passer des OGM, mais qu’ils sont en fait bénéfiques. Avec le réchauffement climatique, nous serons peut-être d’ailleurs un jour obligés d’aller dans cette voie, pour concevoir des végétaux moins consommateurs d’eau et résistant mieux à la chaleur. Mieux vaudrait s’y préparer avant ».