Début avril 2015, une fois de plus, des vandales ont saccagé des plantes en cours d’essais. Cet essai avait été mis en place par le GEVES, un organisme public chargé d’évaluer la qualité des nouvelles variétés. Le prétexte avancé par ces contestataires : soumettre les semences obtenues par mutagenèse à la même réglementation d’autorisation que celle des semences obtenues par la transgénèse (dites OGM). Cette revendication est diaboliquement dangereuse pour l’avenir de notre agriculture. Nos parlementaires sauront-ils éviter de tomber dans le piège ?
Que constate-t-on en effet ? L’application en France de la règlementation des autorisations des OGM aboutit de fait à l’interdiction des plantes génétiquement modifiées. Ainsi, l’objectif « caché » de ce groupuscule de contestataires, soutenu malheureusement par un mouvement idéologique adepte de la décroissance, est clair : empêcher aussi les semenciers d’utiliser la mutagenèse pour l’amélioration des plantes comme ils leur ont fait renoncer à la transgénèse. Cette technique de la mutagénèse n’est pourtant pas nouvelle. Elle est utilisée avec succès depuis plus de 80 ans pour améliorer les caractéristiques des plantes cultivées dont profite aussi bien l’agriculture conventionnelle que l’agriculture biologique.
Au-delà de la mutagénèse et de la transgénèse, quel sera le sort des nouvelles techniques d’amélioration des plantes en Europe si, selon les revendications de plusieurs ONG, on les réglemente aussi comme des plantes génétiquement modifiées (PGM)? Mêmes causes, mêmes effets : ces nouvelles techniques ne pourront pas émerger et nos entreprises semencières françaises, leader en Europe, et premier exportateur mondial, seront éjectées du marché.
Va-t-on ainsi laisser ainsi assassiner notre filière semencière française en l’amputant de tous ses moyens de progrès ? Ce serait un véritable gâchis et l’annonce d’une régression profonde pour notre agriculture.
Marc FELLOUS
Président de l’AFBV