Après la désinformation et les destructions des champs de plantes génétiquement modifiées (PGM) en Europe qui ont conduit à une interdiction de la culture de PGM dans 19 pays européens, verra-t-on la même situation de blocage pour les produits dérivés des technologies d’édition génomique (EG)? C’est ce à quoi il faut s’attendre suite à la décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) en juillet 2018 qui considère que les organismes dérivés des technologies d’EG doivent être soumis aux réglementations des OGM. Conséquence probable : aucune variété végétale issue de l’EG ne sera disponible pour la culture en Europe !
Les acteurs de la filière semencière ont été fortement affectés par cette décision qui entraînera pour le futur une réduction importante des recherches sur l’Edition de gènes en Europe dans le public et le privé, avec de plus en plus de délocalisations. Aucune société semencière européenne ou internationale ne lancera, dans la situation actuelle, un processus d’autorisation d’un de ces produits en Europe étant donné les coûts très élevés du dossier à fournir et l’incertitude sur l’issue d’un tel dossier compte tenu du blocage politique que l’on observe depuis quelques années au niveau des PGM.
Alors que l’Europe, et plus particulièrement la France, veut réduire de 50 % l’utilisation des phytosanitaires, l’interdiction, de fait, d’une des applications de ces nouvelles technologies qui permet d’obtenir rapidement des variétés résistantes aux maladies serait aussi une incohérence écologique.
De nombreux acteurs du domaine, aussi bien au niveau scientifique que politique, ont critiqué cette décision. Ils demandent que l’Europe examine rapidement les moyens de régler une situation qui entraînera, dans les années à venir, si elle est maintenue en l’état, une perte de compétitivité de l’agriculture européenne, un manque à gagner important pour les agriculteurs et les sociétés impliquées dans les filières correspondantes ainsi qu’un risque important que les produits bénéfiques pour la filière agro-alimentaire et les consommateurs ne soient pas disponibles. C’est la souveraineté alimentaire de l’Europe et l’avenir de nos filières végétales qui sont en jeu.
Georges FREYSSINET
Président de l’AFBV