L’innovation bridée par la politique

Editos

Pour assurer la nourriture de 9 milliards d’hommes en 2050, pour répondre aux besoins croissants de biomasse pour la chimie verte ou les énergies renouvelables, l’agriculture devra être plus productive tout en préservant l’environnement. Ces objectifs ne pourront pas être atteints sans innovation et sans de nouveaux progrès de la science.

Or l’innovation en agriculture est de plus en plus contestée, notamment sous l’influence de mouvements sociaux nostalgiques d’une agriculture du passé idéalisée ou adeptes de la décroissance. De plus, les contraintes administratives spécifiques que notre pays s’impose ralentissent considérablement le flux d’innovations, que cela soit dans le domaine de la fertilisation des sols ou de la protection des plantes. Et pour l’amélioration génétique permise par la transgénèse, c’est pire encore.

Au prétexte du principe de précaution, les autorités politiques demandent de plus en plus d’études, de plus en plus longues et de plus en plus coûteuses avant d’autoriser une plante génétiquement modifiée (PGM). Les maïs transgéniques sont interdits dans notre pays. Avec la nouvelle règlementation européenne des OGM, un pays pourra même refuser une semence transgénique pourtant évaluée comme ne présentant pas de risque pour la santé et l’environnement par les instances scientifiques de l’Union, en prétextant ce que bon lui semble.

La filière semencière française, une des meilleures au monde, est ainsi politiquement condamnée à renoncer à cette innovation qu’est la transgénèse qui date pourtant de plus de 30 ans et doit maintenant réaliser ses essais expérimentaux à l’étranger. Notre filière semencière sera-t-elle aussi condamnée par des décisions politiques à ne pas utiliser les nouvelles technologies d’amélioration des variétés végétales (les NBT) que la recherche en biologie des dernières années lui fournit massivement ? Cela ne ferait qu’accentuer les distorsions de concurrence de plus en plus intenables pour nos semenciers et nos agriculteurs et finalement aboutir à mettre le développement de nos productions végétales sous la dépendance de la recherche étrangère qui s’autorisera ces nouvelles techniques.

Marc FELLOUS
Président de l’AFBV